Alimentation des phasmes en élevage

Il existe de nombreuses plantes que l’on peut trouver plus ou moins facilement selon où l’on habite et qui peuvent s’avérer utile dans l’élevage des phasmes.

La plante la plus acceptée par les différentes espèces est la ronce. Elle a l’avantage de se trouver partout et toute l’année.

Les deux autres plantes très utiles pour élever des phasmes sont le millepertuis et le troène. Avec ces trois plantes on peut élever plus de 90% des espèces en élevage. Si on rajoute le salal, la fougère et l’eucalyptus on approche les 100%.

La ronce commune (Rubus fruticosus) :

 

Plante nourricière incontournable, elle peut permettre à elle seule de nourrir les trois quarts des espèces que l’on trouve en élevage. On la trouve le plus souvent en sous bois dans les coins humides, même sous la neige ou lors des gelées hivernales. Il est préférable d’avoir de belles feuilles bien vertes, mais l’hiver lorsqu’il fait froid des feuilles un peu rougeâtre font l’affaire.

Il existe une grande variété de ronces différentes, sans que cela ne semble avoir une grande incidence sur la réussite dans nos élevages. Il est préférable d’utiliser des ronces peu épineuses pour éviter que les phasmes se blessent dessus (bien que ce soit rare).

En général elle tient facilement une semaine dans un pot d’eau, voir jusque 10 à 15 jours, cela dépendant de la chaleur et de l’humidité (une ambiance chaude et sèche va avoir tendance à assécher les feuilles même si les tiges trempent dans de l’eau, au contraire une ambiance trop confinée et humide peut les faire pourrir).

Dans la même famille  on trouve le rosier et le framboisier, qui ont l’inconvénient de perdre leurs feuilles en hiver. Les espèces de phasmes qui se nourrissent de ronces mangent en général ces deux plantes, mais cela est en pratique assez rare car moins facilement accessibles.

 

Le millepertuis (Hypericum) :

 

Plante providentielle pour de nombreuses espèces, le millepertuis est un incontournable pour qui veut avoir accès à des espèces autrement impossibles d’élevage sans cette plante. Elle permet aussi de diminuer la mortalité dans les premiers stades chez certaines espèces qui acceptent aussi la ronce et est aussi une alternative au printemps lorsque les jeunes pousses de ronces sont parfois refusées ou source de problèmes dans les élevages.

L’espèce la mieux acceptée de millepertuis est la forme « hidcote » qui forme des petits buissons. De plus elle est souvent utilisée par les municipalités dans les par terres de fleurs ce qui peut en faciliter son accès pour les personnes qui n’auraient pas la possibilité d’en planter chez soi. Elle a une croissances plutôt rapide en pleine terre et ne demande pas d’entretien particulier, pas besoin d’avoir la main verte pour en cultiver !

C’est une plante qui garde ses feuilles toute l’année même si parfois l’hiver lors de fortes gelées ou d’épisode neigeux il arrive que les feuilles tombent ou soient complètement grillées par le froid. J’ai l’impression que les jeunes feuilles sont plus résistantes au froid l’hiver, une taille courant août laissant le temps d’une repousse avant l’hiver avec un feuillage jeune serait peut être une solution à ce problème …

Le millepertuis taillé tient bien dans un pot d’eau plus d’une semaine sans problème.

 

Le troène (Ligustrum)

 

On en trouve deux sortes, le troène commun (Ligustrum vulgare) qui est le plus courant, et le troène japonais (Ligustrum japonicum), qui a l’avantage de mieux garder ses feuilles l’hiver.

Le troène est utile pour élever certaines espèces qui n’acceptent en général uniquement cette plante ou presque (notamment les Pseudophasmatinae). Souvent utilisé pour faire des haies, on en trouve donc facilement que ce soit en ville ou à la campagne.

Le troène commun est semi-persistant et on arrive en général à en trouver toute l’année même si parfois de fortes gelées peuvent faire tomber la plupart des feuilles.

Pas de soucis pour garder du troène taillé dans un pot d’eau pendant une semaine à dix jours.

 

Le salal (Gaultheria shallon) :

 

Plante dont j’ai longtemps était réticent à son utilisation de par le fait que le seul moyen de s’en procurer facilement est d’en récupérer chez le fleuristes sous forme de botte qui comprend une grosse vingtaine de branches. J’avais peur des pesticides … à tort ! Le salal qu’on trouve chez le fleuriste vient des forêts du Canada et n’a rien de dangereux pour nos pensionnaires. En plus d’un an d’utilisation je n’ai jamais eu de problème, et cela se confirme aussi pour les autres éleveurs qui utilise cette plante.

Un peu comme le millepertuis, c’est parfois la seule plante acceptée par certaines espèces et pour d’autres il s’agit d’un complément de choix.

D’un point de vue financier, le prix d’une botte est compris entre 2,5 et 5€. Une fois les tiges dans l’eau et si il est gardé dans un environnement humide (comme souvent dans nos terrariums) il tient sans problème 2 semaines, et j’ai pu en conserver jusqu’à 20 jours.

Il est possible d’en planter, mais la pousse est longue et l’appétit des phasmes aura surement raison de la croissance de la plante … c’est pourquoi l’approvisionnement chez le fleuriste semble le plus simple même sur le long terme.

La feuille de salal est épaisse et dure, il est recommandé de couper les bords pour les plus jeunes phasmes.

 

La fougère :

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Il existe de nombreuses variété des fougères, d’intérieur ou d’extérieur.

Pour les fougères qu’on trouve dehors, le problème se pose en hiver lorsqu’elles se font rares. A noter que les fougères aigles sont souvent décrites comme n’étant pas acceptées par les phasmes.

Pour les fougères d’intérieur pas de problème pour en avoir toute l’année. Attention néanmoins aux pesticides qui pourrait rester pour les plants venant de jardinerie.

 

L’Eucalyptus :

Plante indispensable pour élever certaines espèces australiennes, l’eucalyptus est plus ou moins facile à trouver selon où vous habitez ! Pour les personnes vivants dans le sud de la France, on trouve assez facilement de l’Eucalyptus dehors et les températures clémentes permettent d’en planter sans se poser trop de question avec le gel l’hiver.

Pour les nordistes, l’eucalyptus est souvent une denrée rare. L’espèce qui résiste le mieux au gel est l’Eucalyptus gunii (jusqu’à -14°C). La croissance assez rapide de cet arbre est aussi un atout (jusque plusieurs mètres par an !).

Une autre option pour s’en procurer est d’avoir recours tout comme pour le salal à des bottes chez le fleuriste. Le prix d’une botte est compris entre 3 et 6€, mais la longévité une fois dans un pot d’eau dépasse rarement la semaine.

Il semblerait que les espèces qui acceptent l’eucalyptus acceptent également le salal, au moins en dépannage, peut être sur le long terme aussi, à creuser …

 

Le lierre ( Hedera helix) :

 

 

Il se trouve partout et par tous temps ce qui en fait une plante souvent utilisée. Cependant attention, de nombreuses espèces qui acceptent la ronce n’acceptent pas forcément le lierre (Phyllium et  Extatosoma en tête !)

Je n’utilise que très rarement cette plante comme plante principale, mais le plus souvent en plante d’appoint. Il tient longtemps en pot et semble plus consistant pour les phasmes que la ronce ce qui permet de mettre moins de feuillage dans le terrarium pour une même durée.

 

Le pyracantha :

 

Petit arbuste épineux qui est souvent utilisé pour faire des haies, le pyracantha est utile pour l’éleveur un peu à la manière du millepertuis ; il permet de diminuer la mortalité pour les premiers stades chez certaines espèces délicates. Pour quelques rares espèces elle est la seule ou presque plante acceptée (Trachythorax maculicollis par exemple !).

On le trouve toute l’année et tient facilement une semaine en pot. Sa croissance est assez lente les  deux ou trois premières années puis décolle ensuite, un seul pied peut suffire chez soi.

 

Le laurier cerise (Prunus laurocerasus) :

 

Utilisé depuis peu, cette plante a un intérêt pour l’élevage de certaines espèces du genre Calvisia. On peut aussi l’utiliser chez certaines autres espèces, souvent en complément de la ronce (ex : Xenophasmina).

C’est un arbre qui est couramment utilisé pour faire des haies ou sous forme d’arbres dans les jardins. De plus il est persistant ce qui est un avantage.

Une fois coupée et en pot les feuilles tiennent plus d’une semaine. Cette feuille est dure et il est préférable de découper le bord avec un ciseau afin de faciliter la prise alimentaire chez les plus jeunes phasmes.

 

L’ortie (Urtica dioica):

 

Son utilisation se résume pour le moment à l’élevage des espèces du genre Orthomeria. Connue de tous, l’ortie se trouve partout à la campagne et en forêt.

Si les températures restent négatives trop longtemps, il devient difficile d’en trouver l’hiver, donc attention … il est préférable d’avoir toujours quelques plants en pots, au cas ou.

Le gros inconvénient de l’ortie et sa longévité une fois dans un pot d’eau, qui dépasse difficilement les 5 jours, et parfois moins l’été avec les fortes chaleurs ou l’hiver quand il est gelé.

 

Le plantain (Plantago)

 

Il existe deux types de plantain : majeur (photo de gauche) ou lancéolé (à droite). On trouve les deux comme mauvais herbes un peu partout, et les deux types sont aussi bien acceptés par les phasmes.

Plus facile à trouver l’été, on peut continuer à en trouver un peu l’hiver. Le principal intérêt du plantain est d’être très bien accepté et même souvent préféré au troène par les Pseudophasmatinae.  Cependant ses petites feuilles limite son utilisation surtout aux premiers stades, car ensuite il faut beaucoup de feuilles pour répondre à l’appétit des phasmes.

 

Le noisetier (Corylus) :

 

Le noisetier est un arbre caduque trouvable dans la plupart des forêts et certains jardins. La très grande majorité des phasmes acceptant la ronce accepte aussi le noisetier, il peut faire une bonne alternative l’été pour varier les plaisirs ! Certaines espèces en viennent même à délaisser la ronce lorsqu’il y a du noisetier au menu (ex: Eurycantha insularis)

 

Le chêne (Quercus) :

 

Il existe de nombreuses espèces de chênes et toutes ne se valent pas ! A noter que le chêne vert est le seul persistant, ce qui est un grand avantage. Malheureusement pour les nordistes il se trouve plutôt dans le sud de la France.

Le chêne est une bonne alternative à l’eucalyptus pour les espèces qui se nourrissent presque exclusivement de cette plante (Eurycnema notamment). Il est aussi très utile pour démarrer les jeunes Phyllium dans les premiers stades.

L’hiver il est possible de faire germer des glands à l’intérieur afin d’en avoir toujours disponible. Dans ce cas son utilisation se résume à démarrer des jeunes Phyllium car il est difficile d’en obtenir une quantité convenable, et l’appétit d’un couple d‘Eurycnema adulte viendrait à bout très rapidement des jeunes pousses germées.

 

Le châtaignier (Castanea):

Je ne vais pas m’étendre sur cette plante car je ne l’utilise pas (je n’en ai pas facilement disponible), mais selon le récit de plusieurs éleveurs il s’agit d’une très bonne plante pour remplacer la ronce en été.

 

Le Laurier sauce (Laurus nobilis) :

 

Le laurier sauce est accepté par principalement deux genres : les Diapherodes (gigantea en tête) et les Marmessoidea (rosea et quadriguttata notamment). Néanmoins, son utilisation comme seule plante dans l’alimentation de ces espèces est décriée, car il conduirait à chaque fois à la perte de la souche.

J’ai tenté un cycle avec uniquement cette plante avec les Marmessoidea quadriguttata, et après un très bon départ avec les L1, cela c’est rapidement dégradé avec des pertes de plus en plus fréquentes au fil de la croissance, et c’est soldé avec quelques adultes qui sont morts rapidement (avant la ponte chez les femelles). La raison de cet échec est-il dû au laurier sauce ou aux autres paramètres d’élevages ? D’autres expériences futures devraient nous éclairer prochainement sur la réponse à cette question …

 

 

 

 

 

3 réflexions sur « Alimentation des phasmes en élevage »

  1. Bonsoir Mehdi,
    Nous voudrions proposer d’ajouter « Hebe »
    lien: https://fr.wikipedia.org/wiki/Hebe
    Les phasmes se nourrissent avec les hébés (chez nous) Pseudophasma et Peruphasma (www.phasmatodea.com & http://www.phasmidstudygroup.org aussi Bacteria).

    Concernant Eucalyptus: Nous avons donné Eucalyptus urnigera avec succès aux adultes d’Eurycnema goliath, Eurycnema versirubra « Timor » et Achrioptera fallax. Nous vous envoyerons des photos de l’Eucalyptus urnigera plus tard. Eucalyptus urnigera n’est pas apte aux juveniles.

    Concernant le chêne: nous avons experimenté avec succès Quercus turner Pseudoturneri.
    lien: https://www.vdberk.fr/arbres/quercus-turneri-pseudoturneri/

    Corcernant Trachythorax maculicollis et Pyracantha, aussi possible à donner un mélange de Gaultheria shallon et Nerium oleander.
    lien: http://www.phasmatodea.com
    Possible foodplants PSG160 Trachythorax maculicollis

    Amicalement
    Ingrid & Thérèse

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    1. Bonjour, phasmes de pérou est vague car il peut concerner plusieurs espèces différentes qui n’ont pas les même besoins. Si vous parlez de Peruphasma shultei ils se nourrissent de troène, chevrefeuille et lilas principalement en élevage.

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